Encore un petit effort, et l’Olympique de Marseille participera au tour préliminaire de la Ligue des Champions. De quoi laisser augurer un mercato passionnant du côté de la Commanderie. Et même une (décevante) qualification en coupe UEFA ne saurait altérer les velléités de recrutement des Marseillais, à l’image d’un Bayern Munich qui absent de la Champion’s League, n’a pas hésité l’an dernier à se donner les moyens d’être compétitif avec un projet sur trois-quatre saisons.
L’effectif phocéen est complet, complémentaire, rodé par la patte d’Érik Gerets. La mission de la direction sera ainsi d’apporter quelques retouches de qualité. Intéressons-nous au poste milieu de terrain offensif. Trois noms se sont distingués ces dernières semaines : Yoann Gourcuff (Milan AC), Miralem Pjanic (FC Metz), Achille Emana (TFC). L’un d’entre eux sera peut-être la nouvelle sensation ciel et blanc. Mais lequel ?
Qui reste, qui part ?
À l’évidence, le club doit envisager des départs avant d’acheter. Et, la nouvelle recrue sera aussi choisie selon le(s) joueur(s) qui quitteront le navire. Focus sur quatre des milieux offensifs dont l’avenir interroge
Handicapé par des blessures, et des difficultés à s’adapter à l’environnement de l’OM, le milieu de terrain Karim Ziani (25 ans) fait partie de l’agenda de l’Atlético, du Bétis et surtout de Bordeaux. Son avenir à Marseille est plus qu’incertain, et il est celui qui est le plus proche de la sortie.
En plein boum depuis trois matchs, Kanga Akale n’est que prêté par Lens. L’option d’achat de 3,5 millions € qui figure sur son contrat laisse la priorité à l’OM qui devrait attendre la fin de la saison pour se prononcer. S’il perpétue ses prestations, on est en droit de penser qu’il sera conservé. Gerets aura ainsi sous la main un attaquant de couloir polyvalent
Boudewijn Zenden a déclaré hier qu’il resterait. Peu en verve cette saison (11 titularisations), il dispose d’un contrat jusqu’en juin 2009 et ne devrait pas trouver de prétendant pour le recruter dans le telles conditions. Marseille devra compter sur lui.
Enfin, le cas Nasri interroge. Convoité de toute part en 2007 (notamment Inter Milan, Real Madrid), le meneur de jeu a connu un coup de mou du fait de blessures, et de l’éclosion de Valbuena. Vaut-il toujours les 25 millions qu’était prêt à aligner Massimo Moratti le président nerazzurri ? Sans doute pas, c’est pourquoi le minot sait qu’il doit s’imposer la saison prochaine avec son club formateur avant d’envisager un éventuel départ, même si les prétendants sont d’ores et déjà prêts à l’accueillir, comme il l’a indiqué la semaine dernière sur Canal+.
Ainsi, seul Karim Ziani devrait laisser une place de choix à une éventuelle recrue, à moins que Pape Diouf parvienne à se séparer de Zenden qui, malgré ses qualités techniques et sa polyvalence, pèse lourd dans la masse salariale.
Il reste donc une place pour le recrutement d’un nouveau milieu offensif.
Ça chauffe autour de Gourcuff, Pjanic, Emana, l’un d’eux sera-t-il l’élu ?
Ces trois noms sont souvent ressortis ces derniers jours. Si rien n’est jamais écrit à l’avance, il est ainsi légitime de penser que la direction phocéenne choisira l’un d’eux pour se renforcer.
La situation de Yoann Gourcuff à Milan ne peut plus durer. Ouvertement mis de côté par Carlo Ancelotti qui lui fait jouer des bouts de matchs, et ne rentrant pas dans les plans de sa direction pour la saison prochaine avec les priorités de recrutement axées sur Ronaldinho, Deco, sans compter que Clarence Seedorf devrait rester rossonero, l’ex-Rennais n’a plus le choix et doit se trouver un nouvel employeur.
A bientôt 22 ans, il n’y a plus de temps à perdre. Et il en est conscient : « Je réfléchis et je laisse les portes ouvertes à toutes les propositions. Je vais d’abord rencontrer les dirigeants milanais pour savoir quelle est leur idée pour la suite me concernant. Mon père va également en discuter avec eux ».
Marseille, Monaco, Lens, Saint-Étienne, l’Ajax d’Amsterdam... autant de clubs qui n’avaient pas attendu cette sortie médiatique pour manifester leur intérêt pour le joueur. L’OM possède les arguments financiers et pourra sortir la carotte de la Ligue des Champions en cas de qualification. Sa surexposition, à double tranchant, lui permettrait de redorer son blason et d’attirer l’oeil du sélectionneur de l’équipe de France, mais également à moyen terme aux grosses écuries européennes s’il souhaite plus tard retenter l’aventure étrangère.
Les Olympiens étant bien fournis en joueurs de côtés (Akalé, Zenden, Valbuena, éventuellement Nasri, Niang et Grandin), son profil de milieu axial apporterait de réelles solutions. Resterait pour lui à trouver sa place au sein d’un effectif dense, car même en arrivant de Milan, rien ne serait acquis. Enfin, comment Samir Nasri prendrait l’arrivée d’un joueur au profil et au potentiel identique ? Anigo affirmait en mars « Gourcuff fait partie d’une liste mais il n’est pas le seul. Pourquoi ne pas l’associer à Nasri ? ». À suivre.
Le cas du grand espoir grenat Miralem Pjanic interroge. Sensation du FC Metz cette saison, convoité de toute part dès l’automne dernier par la Juve, l’Inter, et Chelsea, le Luxembourgeois s’est rapidement imposé dans le onze-type, mais la piètre saison des Lorrains a occulté son talent aux yeux du grand public.
Alors qu’il est certain qu’il quittera Metz cet été (« Je le répète je ne veux pas jouer en L2 la saison prochaine »), mais qu’il entend rester en Ligue 1 (« Marseille, le PSG, Bordeaux, ou Lyon me plairaient beaucoup »), l’Olympique de Marseille a été le premier à se déclaré intéressé. Or, son prix est fixé à 10 M€, certes peu élevé si on en croit son potentiel, mais sa jeunesse et son manque d’expérience n’en font pas un élément immédiatement opérationnel pour les joutes européennes et la lutte pour le titre national. À la direction phocéenne de prendre en compte cet élément.
Achille Émana est d’un tout autre profil. 25 ans, international (16 capes), 194 matchs de Ligue 1 dans les jambes, le Camerounais s’impose comme un des milieux de terrain les plus complets du championnat. Puissant et technique, il est capable d’endosser le costume de chef d’orchestre et de faire gagner un match à lui tout seul. Si Johan Elmander est souvent mis en avant, Émana n’en est pas moins un des grands artisans de la performance du TFC l’an dernier. Englué dans le bourbier toulousain cette saison, il devrait revêtir une nouvelle tunique cet été quel que soit l’issue finale de la L1.
Si Naples et le Bétis font figure de seconds couteaux, la Fiorentina qui fait le forcing depuis plusieurs mois a pris de l’avance sur le dossier. Parti pour participer au tour préliminaire de la LDC grâce à sa place de 4e, la Viola a des arguments à faire valoir. L’OM peut tirer son épingle du jeu, mais devra se qualifier pour la champion’s league et surtout montrer à Emana qu’elle lui offrira une place de choix dans son onze-type. Se pose encore la question Nasri. L’arrivée d’un tel joueur n’occulterait-elle pas le chouchou du Vélodrome ? Les deux profils sont-ils compatibles et dans quel système de jeu ?
On l’a compris, la direction marseillaise devra être bien vigilante. Tout dépendra des départs, et Nasri qui devrait rester, exclut la recrue d’une star au poste de milieu offensif. En admettant que Valbuena occupera le couloir droit, que Akale, Niang, Zenden, Grandin et Ayew peuvent évoluer également sur les côtés, il ne reste plus grand place. À moins que Gerets ne trouve la solution miracle, Gourcuff et Émana refuseront de se retrouver sur le banc. Pjanic serait peut-être plus malléable et aurait le temps de s’aguerrir en attendant de succéder à Nasri quand il souhaitera tenter l’aventure à l’étranger.
Au trio Diouf-Anigo-Gerets de prendre ses responsabilités.